12 mai 2015

Conseils d'auteur





Un petit article qui n’était pas prévu mais qui s’avère, je pense, plus qu’utile au vu des nombreuses demandes que j’ai concernant le monde de l’édition, les contrats, etc.

Je vais essayer de répondre à un maximum de choses. Si vous avez une question et que vous ne trouvez pas la réponse dans cet article, n’hésitez pas à me contacter. Je suis toujours dispo pour discuter et je ne mords pas, promis. Je grogne parfois (et ça me fait tant grogner que j’en fais un article !) mais je ne mords pas :p

J’imagine que vous voulez savoir ce qui me fait grogner, c’est simple : les contrats à compte d’auteur.

Ces deux derniers mois, on est venu me demander pas moins de cinq fois (deux rien que le week-end dernier !) s’il était normal de payer pour faire éditer son livre et si oui, combien j’avais payé pour faire éditer les miens. Alors non, ça n’est pas normal de payer pour sortir son livre ! NON !! Vous ne devez JAMAIS payer, pas même un euro, pour sortir votre livre. JAMAIS ! Sinon, c’est ce qu’on appelle du compte d’auteur, c'est-à-dire que c’est l’auteur qui paye tout, et la facture peut être très salée ! 

La preuve par l’image. Voici la lettre type qu’une des personnes qui m’a contactée ce week-end a reçue.


Cette personne m’a également fait passer le contrat de publication qu’on lui propose. Comment dire… j’en ai perdu mes mots tant c’est affligeant ! Le contrat compte six pages et sur chaque page on vous annonce des frais supplémentaires non compris dans les 3 156€ demandés au départ. Au final, j’ai calculé, à vue de nez, le montant grimpe facilement à 4000 / 4500€ à peu près. 

4500€ pour éditer un livre… et des gens sont prêts à signer parce qu’ils manquent d’informations ! Si vous êtes prêts à payer, autant se lancer dans l’autoédition, les gens ! D’où le besoin pour moi de faire cet article afin d’expliquer un peu les choses. Mais faisons-les dans l’ordre. 
 

Avant de parler des éditeurs, parlons du manuscrit en lui-même. 




Vous avez posé le point final de votre histoire et vous vous demandez ce qu’il faut faire ensuite.

Le premier conseil que je pourrais vous donner, c’est de laisser de côté votre texte quelque temps. Si vous vous replongez immédiatement dedans, vous n’aurez aucun recul, vous serez encore immergé dans la phase « écriture » et passerez à côté d’erreurs ou d’incohérences que vous auriez pu repérer en temps normal. Laissez donc de côté quelques semaines/mois (le temps peut-être d’écrire un autre projet ?) puis reprenez tout depuis le début.

Commence alors la phase de correction du texte. C’est la plus longue et la plus difficile pour un auteur. Il vous faut corriger les fautes diverses et variées mais également réécrire certains passages bancals, en supprimer ou en ajouter d’autres. Bref, il y a du boulot ! D’où le besoin d’avoir du recul pour le faire. Une fois cette phase terminée, vous avez un manuscrit un peu plus propre… mais ensuite ?

Ensuite, trouvez-vous un bêta lecteur. Un bêta lecteur est quelqu’un (ami, famille, connaissance…) qui va lire intégralement votre texte et vous signaler les erreurs, les passages qui sont à revoir ou qu’il n’a pas compris, et surtout les incohérences. L’auteur ne peut pas voir certaines choses tant il est plongé dedans, c’est donc vraiment important de faire bêta lire votre texte par quelqu’un d’autre. Vous pouvez même faire appel à plusieurs bêtas lecteurs. Plus il y en a, mieux c’est, vous aurez autant d’avis différents sur votre histoire.

Maintenant que vous avez terminé cette longue phase de correction, vous vous mettez à la recherche d’une maison d’édition afin de faire partager au monde votre œuvre.

Et là, attention ! C’est là que ça se corse et qu’il faut être attentif ! 

 
 
Avant de chercher une maison d’édition, il vous faut déjà définir dans quel genre votre texte entre. Est-ce de la fantasy ? De la science-fiction ? Une romance ? Un thriller ? Un livre pour ado ? C’est vraiment important. Le savoir vous permettra ensuite de trier les maisons d’édition en fonction de leur ligne éditoriale.

Une ligne éditoriale est le(s) style(s), genre(s), que la maison publie. Vous n’allez pas envoyer un texte érotique à une maison spécialisée dans la jeunesse par exemple. Ou inversement un texte pour enfant à une maison qui ne fait que du polar. Votre texte ne sera même pas étudié et vous aurez perdu votre temps.

Une fois le tri fait, il faut en faire un second afin de déterminer les maisons à compte d’auteur et celles à compte d’éditeur. Avant d’aller plus loin, je vous explique la différence entre les deux.

Compte d’auteur : c’est ce qu’on a vu au-dessus, l’auteur paye tout de A à Z. Ces maisons sont clairement des arnaques et vous pomperont jusqu'à la moelle avec de belles promesses qui ne seront pas tenues. Une amie s’est fait avoir. Elle a payé 2200€ pour faire publier son livre. Le livre a en effet été publié… mais sans aucune correction éditoriale, avec une couverture horrible, aucune publicité de faite. Au final, elle a vendu très peu de bouquins et à la fin de son contrat elle a été obligée de racheter le stock d’invendus (presque 200 livres). Donc, si vous voyez « compte auteur » FUYEZ !! Mais ils sont malins : ce n’est pas écrit en général.

Compte d’éditeur : ce type de contrat signifie que c’est la maison d’édition qui prend tout en charge, de la correction à la réalisation de la maquette, en passant par la pub. Vous ne payez rien et c’est CE type de contrat qu’il faut signer. Les maisons à compte d’éditeurs l’inscrivent clairement en général dans les conditions de soumissions ou dans la présentation de la maison. Il suffit de fouiller un peu leur site.

Il existe ensuite un autre type de contrat. Le contrat « semi-auteur » ou le « faux compte d’éditeur » ou le « compte d’éditeur détourné ». Il a pleins de noms différents, celui-ci. C’est un contrat où l’éditeur prend à sa charge la correction, la réalisation de la maquette, la pub… vous devez « juste » acheter un stock prédéfini de vos livres. En général c’est 200 ou 300 exemplaires. Ce type de contrat est à fuir également ! Vous y laisserez une fortune !

Lorsque vous visitez les sites internet des maisons d’édition et que vous ne trouvez pas d’info concernant le type de contrat qu’ils proposent, faites une recherche Google. Le nom de la maison + avis ou arnaque, vous éclairera et vous évitera d’envoyer votre texte à des escrocs.

Et d’une manière générale, comparez toujours les maisons entre elles. Les lecteurs ou anciens auteurs sont les meilleurs juges pour ça. Vous n’achèteriez pas une voiture, un sèche-linge, un téléviseur sans comparer les avis, n’est-ce pas ? Eh bien là c’est pareil. Ne confiez pas votre bébé à n’importe qui ! Et si vous le faites, ne venez pas vous plaindre ensuite.

Maintenant que vous avez fait le tri dans les maisons d’édition, il en reste encore un à faire : celles qui acceptent les soumissions par email. Dans un premier temps, privilégiez celles-ci qui sont nombreuses. C’est écologique mais surtout très économique pour vous. Si vous devez imprimer votre histoire en X exemplaires puis l’envoyer à X maisons d’édition, la note va vite grimper. Sans compter qu’il vous faudra joindre une enveloppe préaffranchie pour récupérer votre manuscrit en cas de refus sinon il ira directement à la poubelle. C’est un gâchis énorme de papier mais aussi d’argent. Envoyez donc d’abord des mails. Des maisons de toutes tailles acceptent ce format de soumission. Il n’y a pas que les petites, contrairement aux idées reçues.

Un autre conseil : veillez bien à respecter les conditions de soumissions. Elles diffèrent d’une maison à l’autre. Certaines ne veulent pas tout le texte mais juste les premiers chapitres. D’autres veulent juste un synopsis. D’autres encore veulent une taille de police à 12 quand une autre demandera un 14. Bref, lisez attentivement les consignes afin de mettre toutes les chances de votre côté. Il serait dommage que votre texte aille directement à la corbeille à cause de ça, non ?

Angels Editions a d'ailleurs publié un message à ce sujet, preuve que je ne raconte pas des bêtises :
Nous venons vous embêter quelques instants afin de faire une petite mise au point.
Nous recevons beaucoup de manuscrits et la plupart ne correspondent pas aux demandes que nous avons sur le site. Comme beaucoup de maison d'édition, nous avons également nos critères de mise en page et nous demandons également des présentation (texte et auteur).
Merci de respecter ces "conditions" si vous souhaitez que vos textes soient étudiés par notre comité.

Maintenant que vous avez fait tout ça, vous pouvez envoyer et commencer à prier tout en étant patient. Le délai moyen de réponse est de six mois. Il peut aller jusqu'à un an pour les grandes maisons d’édition. Ne les harcelez pas pour savoir où en est votre « dossier », laissez le temps œuvrer. Quand le délai est écoulé, si vous n’avez pas de réponse, vous pouvez relancer. Soyez poli, respectueux et n’agressez pas l’éditeur. VOUS avez besoin de lui, pas l’inverse. Si vous l’attaquez, vous le braquerez et verrez votre histoire finir dans la poubelle sans même avoir eu votre chance.

Si votre texte est bon et/ou original, vous aurez toutes les chances d’avoir une proposition de contrat. Si c’est bien le cas, ne signez pas à l’aveugle. Prenez le temps de lire attentivement le contrat. Demandez conseil à un avocat ou quelqu’un du milieu, ou encore à un auteur que vous connaissez. Il se peut que vous receviez plusieurs propositions de contrats, dans ce cas comparez les maisons, renseignez-vous sur « les bruits de couloir ». Quand on sait écouter,  on apprend plein de choses qui feront pencher la balance pour telle ou telle maison. Bref, prenez votre temps ! C’est un contrat, c’est donc important.

Les trois choses les plus importantes à regarder dessus : 
- le pourcentage sur le prix de vente du livre qui vous sera reversé en tant qu’auteur. C’est ce qu’on appelle un droit d’auteur. Il n’est pas très élevé et tourne en moyenne autour des 10% pour un livre papier. Il peut être plus haut pour les livres en version numérique puisque moins de frais pour l’éditeur.
- la durée d’engagement du contrat. En général c’est deux ans (cinq dans les grosses maisons). S’il n’y a pas de précision concernant la date de fin de contrat, ne signez pas. Vous devez absolument savoir pour combien de temps vous vous engagez. Si aucune mention de durée n’est faite, et si vous signez, l’éditeur détiendra les droits de votre œuvre… 70 ans après votre mort. Vous serez donc engagé à vie avec le même éditeur !
- la clause d’exclusivité : elle n’est pas présente dans tous les contrats mais en gros elle signifie que vous acceptez de proposer tous vos futurs textes à cet éditeur et seulement à lui. Si vous signez cette clause et que pour une raison X ou Y vous ne vous sentez pas bien dans cette maison d’édition… vous ne pourrez pas proposer vos textes ailleurs. Je déconseille de signer ce genre de clause afin de garder un maximum de liberté sur vos futures histoires mais là, c’est laissé à l’appréciation de chacun.

De manière générale, le contrat entier doit être compris de façon claire. Vous ne devez pas hésiter à poser des questions pour tout comprendre, chaque clause est importante.

Mon dernier point concernera l’auto-édition. 

 
J’en fais mention plus haut, je me dois donc de vous expliquer ce que c’est. L'auto-édition consiste à se charger seul de la publication de ses œuvres, sans passer par une maison d'édition.

L’avantage principal de cette méthode, c’est que vous gérez tout de A à Z et que les bénéfices générés par les ventes de vos livres vont dans votre poche et uniquement la vôtre. L’inconvénient… c’est que tout est à votre charge également. Vous pouvez très bien, une fois la relecture et correction terminées, publier votre livre tel quel sur les plateformes spécialisées et dans ce cas, vous ne débourserez rien. Mais, si vous voulez quelque chose avec un minimum de qualité, vous devrez vous faire aider de pros. Deux très précisément : un correcteur et un graphiste.

Le correcteur est INDISPENSABLE. Même si vous vous pensez bon en français, il reste des erreurs dans votre texte, c’est certain. Un correcteur se chargera des fautes (orthographe, grammaire, conjugaison), de la syntaxe, des répétitions, des tournures maladroites. En moyenne le tarif d’un correcteur pro est de 1.5/ 2€ par page corrigée. Oui, sur un roman, ça fait cher, mais ça en vaut la peine, croyez-moi.

Un graphiste vous fera ensuite une couverture professionnelle digne d’une maison d’édition. Car, soyons honnête, que regardons-nous en premier sur un livre ? La couverture ! Et si elle est affreuse, votre livre peut être le prochain best-seller, il se vendra très peu. Une couverture faite par un pro coûte entre 150 et 300€. Là encore, les prix varient en fonction des artistes, de leur renommée. Certains font des tarifs préférentiels pour des auteurs en auto-édition. N’hésitez donc pas à demander plusieurs devis.

En revanche, une fois ces frais payés, vous n’avez plus rien à débourser. Et tous les bénéfices sont pour vous. Il vous faudra alors vous armer de courage et de patience pour réussir à vous faire un nom. Le mieux pour ça est d’offrir gratuitement un ebook de votre livre à des blogueurs qui vous rédigeront en échange une critique sur leurs blogs. Mais, là également, c’est à double tranchant. Soit la personne aime et dans ce cas va encourager ceux qui la suivent à acheter votre livre. Soit la personne n’aime pas et vous vous ferez « descendre » par la chronique, ce qui rebutera de futurs lecteurs…


J’ai abordé tous les points qui me venaient à l’esprit, il se peut que j’en aie oubliés, n’hésitez pas à me demander ou à me faire part de vos avis / idées. Je les rajouterais à l’article.

Mon dernier conseil sera une synthèse de cet article : prenez votre temps, ne soyez pas pressé et renseignez-vous un maximum sur les maisons d’édition.

Pour le faire, vous avez plein de sites sur internet, j’en ai retenu trois que je connais et parcours souvent. Vous y trouverez des infos sur les maisons, les contrats mais aussi des conseils pour l’écriture ou la correction. Vous pourrez également y demander conseils en cas de doute sur un contrat ou une proposition. Je vous invite chaleureusement à les parcourir :