26 février 2019

Extraits - Jusqu'à ce que la mort nous sépare


Extrait n° 1

     — C’est une erreur ! s’exclame-t-elle immédiatement. Ce n’est pas ce que tu crois. 
     Greg parcourt rapidement le SMS affiché et comprend pourquoi elle estime avoir besoin de s’excuser. La fureur l’envahit. 
     — « Ton goût est encore sur ma langue. J’ai tellement hâte de pouvoir te lécher à nouveau. » Une erreur ? crache-t-il, hors de lui. C’est tout ce que tu as trouvé ? 
     Il approche d’elle, menaçant. Éva recule, mais elle est assise sur le canapé, lui-même coincé dans un angle de l’appartement ; elle ne peut donc aller très loin. 
     — Je te jure que c’est la vérité. J’ai reçu ça par erreur, je ne connais pas le numéro. 
     — Tu te fous de ma gueule en plus, espèce de garce ! 
     Et la première gifle claque alors dans l’air. 
     Il l’empoigne ensuite par les cheveux et l’extirpe du divan pour la traîner sur le carrelage du salon. Une fois à ses pieds, il la roue de coups. Une avalanche de chocs tombe sur le corps frêle d’Éva qui ne peut que se recroqueviller et se protéger la tête de ses bras pour minimiser les dégâts. 
      Elle pleure et hurle. 
     Elle le supplie d’arrêter et lui assure de son innocence, mais Greg, hors de lui et aveuglé par la jalousie, ne l’écoute pas et continue à cogner. 
    Toujours plus fort…


Extrait n° 2

     La jeune femme alluma sa bougie, la fixa pendant quelques instants, puis ferma les yeux et fit un vœu. Elle ne croyait pas à cette petite tradition, mais au point où elle en était, souhaiter réussir à être de nouveau heureuse ne pouvait pas lui faire de mal.
     Quand elle rouvrit les paupières, elle eut un sursaut apeuré. Un homme, celui qui lui avait souri un peu plus tôt dans la soirée, était installé face à elle.
      — Avez-vous fait un vœu ? l’interrogea-t-il d’une voix chaude et sensuelle.
      — Je vous demande pardon ?
      — Votre bougie, avant de la souffler, avez-vous fait un vœu ?
      — Et en quoi ça vous regarde ? rétorqua Éva, méfiante, en lui jetant une œillade noire.
      — Je trouve simplement désolant qu’une femme si belle n’ait personne à ses côtés pour célébrer sa naissance. Puis-je vous offrir à dîner ? Considérez ceci comme un cadeau d’anniversaire.
     — Nous sommes dans un restaurant, il est 23 h, j’ai déjà dîné. Et vous aussi, j’imagine.
     — Un dernier verre dans ce cas ? Il nous reste encore une heure avant que cette journée ne se termine, laissez-moi la rendre inoubliable.
     — Vous êtes bien prétentieux ! répliqua-t-elle, amusée malgré elle.
     — Je sais juste ce que je vaux.
     Éva, qui buvait un peu d’eau pour masquer le fait que la présence de cet homme à sa table la dérangeait, faillit s’étrangler.
     — Eh bien, ça n’est pas la modestie qui vous étouffe !


Extrait n° 3

     — Tu crois aller où comme ça ? éructe-t-il en lui maintenant la gorge. 
    Éva le repousse violemment des deux mains et l’atomise du regard. 
    — Ne me touche pas ! siffle-t-elle. 
   Une gifle la cueille à la mâchoire en réponse. Le choc la fige sur place. Elle n’a pas mal, elle est surprise. Il l’a frappée. Atterrée, elle le dévisage et le voit réaliser ce qu’il vient de faire. Il se pétrifie à son tour puis avance vers elle. 
    — Bébé, je suis désolé. Je voulais pas, je… 
    — Non ! Tu restes où tu es ! hurle-t-elle en reculant davantage.  
   — Bébé, pardonne-moi, je t’en prie. 
   Puis il tombe à genoux devant elle et fond en larmes, se tenant le visage entre les mains. Il pleure silencieusement et Éva ne sait plus quoi faire. Elle est en rogne contre lui, mais comment l’abandonner ? Elle ravale sa fierté, sa fureur, et s’approche. 
   Aussitôt, il lui enserre les jambes et sanglote sur ses cuisses. Les larmes commencent à poindre dans les yeux d’Éva. Elle est bouleversée par sa détresse et ignore quoi faire pour l’aider. Elle s’écroule à ses côtés et le prend dans ses bras, le berçant comme elle le ferait avec un enfant. 
   — Je suis désolé, souffle-t-il. 
   — Je sais, le rassure-t-elle. 
   Puis elle cherche ses lèvres et l’embrasse tendrement. Elle a bien conscience que la situation est étrange. Il vient de la frapper et c’est elle qui se retrouve à le consoler, mais elle l’aime, elle ne peut le laisser dans sa souffrance sans rien faire.


Extrait n° 4
     — Allo ?
     — Bon Dieu, ne me dis pas que tu es toujours dans ton lit ? grogna Coralie à l’autre bout de la ligne. 
      — C’est mon jour de congé, je me suis couchée à quatre heures du mat à cause de toi, où voulais-tu que je sois ? railla Éva en s’étirant.
      — Ça n’est pas le jour pour faire la marmotte ! Je viens d’entendre parler du job de tes rêves.
      — Raconte.
      Éva était soudain parfaitement réveillée et alerte. Elle écouta donc Coralie lui expliquer qu’elle avait surpris une conversation au café : une grosse société de cosmétique de Paris recherchait une assistante pour son PDG.
      — T’es sûre de toi ?
      — Absolument ! Et d’après ce que j’ai compris, c’est extrêmement bien payé. C’est dans ta branche, tu serais parfaite pour ce poste.
      — Mais j’ai déjà un boulot et…
      — Tu comptes faire des casse-dalle toute ta vie ? la coupa Coralie d’un ton sans appel.
      — Non, bien sûr…
      — Eh bien, dans ce cas, saute dans ton plus beau tailleur et va me décrocher ce job ! C’est chez Anderson, tu ne connais sans doute pas leurs produits, mais je peux te dire que c’est de la putain de super qualité ! C’est du haut de gamme. Le top du top. On ne fait pas mieux sur le marché alors, si tu peux y bosser, tu vas te bouger et tenter ta chance !
     — Où et quand ? demanda Éva, soudain excitée.


Extrait n° 5

     — Et ensuite ? 
     — Ensuite, vous prenez la fuite sans un regard en arrière. On peut vous aider à disparaître. 
     — Combien de temps devrai-je faire semblant ? demande-t-elle, la gorge nouée. 
     — Jusqu’à ce que vous vous sentiez prête à partir. Tout dépendra de vous. 
     Éva hoche la tête et serre les paupières pour retenir ses larmes. Elle va devoir jouer un rôle de femme soumise, le laisser la toucher, faire comme si elle était heureuse et le désirer… Le dégoût l’envahit si violemment que son petit-déjeuner remonte. Elle sera incapable de mentir si bien. Elle devra réfréner son ressentiment, sa terreur… Si elle y arrive, elle méritera un oscar. 
     Si elle y arrive ? Elle n’a pas le choix ! songe-t-elle soudain. 
     Elle ne fait pas assez confiance à l’association pour accepter d’entrer dans leur centre. Dépendre entièrement d’eux pour quelque chose d’aussi important est impensable pour elle. Tout repose sur ses épaules désormais. Si elle échoue, elle finira entre quatre planches, tuée par les coups de l’homme qui partage sa vie, entrant de la plus triste des façons dans les statistiques. 
    Elle n’a donc pas d’autre option : elle doit réussir !


Extrait n° 6

     — J’aimerais vous faire part de mon avis sur vos produits quand vous aurez un instant. Je les ai tous testés et j’ai pris quelques notes, déclara-t-elle en fouillant dans son attaché-case.
     — Que diriez-vous de ce soir autour d’un bon repas ? Je peux réserver une table, nous fêterons votre contrat et vous me parlerez de tout ça.
     — Non. Je préfère éviter les restaurants. Du moins avec vous. Ça ne me réussit pas.
     — Ah oui ? Vraiment ? demanda-t-il d’un air faussement innocent.
     — Vraiment.
     — J’avais pourtant eu l’impression du contraire.
    Il lui adressa un sourire espiègle qui lui provoqua des papillons dans le ventre puis l’invita à le suivre pour la visite de son bureau


Extrait n° 7


     Éva quitte l’hôpital aujourd’hui. La peur au ventre, elle attend que Greg vienne la chercher et s’occupe en feuilletant les papiers que le médecin lui a remis. Une autorisation de sortie, une ordonnance pour des médicaments et de la kinésithérapie, une ITT de trois semaines… et un arrêt de travail d’un mois. 
    Pétrifiée, elle fixe avec horreur ce document. Un mois d’arrêt à cause des coups de celui qui prétend l’aimer… Elle a décidé de partir et réalise en lisant ce formulaire qu’elle a pris la bonne décision. 
    Durant son séjour ici, Suzanne et les membres de l’association, lui ont parlé des statistiques. Une femme meurt tous les deux jours et demi sous la violence de son compagnon. Éva n’avait jamais pris conscience jusque-là que dans le futur, ce serait peut-être elle qui finirait à la morgue. Elle est donc déterminée à agir. Mais elle doit le faire avec prudence pour ne pas éveiller les soupçons.




Extrait n° 8

     Quand Tom entra dans la salle, son regard tomba immédiatement sur Éva qui dansait avec Coralie et d’autres femmes. Pour ne pas les déranger, il se plaça au fond de la pièce et assista en silence au cours de zumba. Éva lui avait dit pratiquer ce sport pour se défouler et reprendre confiance en elle, il avait été curieux et lui avait demandé s’il pouvait venir. 
    Dans un premier temps, elle avait refusé, trop intimidée pour accepter… avant de céder à son air charmeur. Tom comprenait pourquoi elle avait décliné. En l’observant, il se rendit compte qu’elle était un peu gauche dans ses mouvements et qu’elle manquait clairement de cette grâce qui était propre aux danseuses… mais il s’en fichait, il la trouvait magnifique. 
    Éva rayonnait de plaisir et il la surprit plusieurs fois à éclater de rire avec Coralie et une autre femme. Il avait l’impression de la découvrir sous un nouveau jour. Dans la société, elle était beaucoup plus renfermée et secrète. Ici, il la voyait joyeuse, vivante, comme si elle se sentait enfin libre. Libre de s’amuser, de rire et de sourire… libre de vivre tout simplement. 
    La poitrine de Tom se serra légèrement quand il fit ce constat. Son enfoiré d’ex l’avait brisée, mais pas détruite. Il le savait déjà depuis qu’elle lui avait conté son passé, mais il en avait désormais la preuve sous les yeux. Éva se remettrait de son histoire traumatisante… et c’est avec lui qu’elle désirait le faire


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