24 juin 2022

Prix du livre Paris-Aéroport 2022 - Interview

 


Le 13 juin dernier avait lieu l'édition 2022 du Prix du Livre Paris-Aéroport, évènement soutenu par la Fondation d'entreprise du Groupe ADP. Cette année, la thématique était celle du harcèlement à l’école et sur les réseaux sociaux. 1000 élèves issus de 40 classes volontaires, issues des établissements scolaires de nos territoires, ont été invités à voter pour leur livre coup de cœur parmi une sélection.

Et cette année, la gagnante est…Enel Tismaé ! Une jeune auteure au parcours atypique : coiffeuse de formation, elle débute l'écriture par les "fanfictions", pour le plaisir. Puis, prise de passion pour l'écriture, elle décide de publier son premier roman Les temps d´une vie en 2013 chez Nats Éditions. Plus tard, elle écrira, toujours pour la même maison d'édition, On m'a dit paru en 2016 et On m'a dit volume 2 paru en 2018 deux livres sur la thématique du harcèlement subi chez les enfants et adolescents. C'est d'ailleurs grâce à ce livre qu'elle remporte l'édition 2022 du Prix du Livre Paris-Aéroport.

Pour l'occasion, Enel Tismaé a répondu à nos questions !

QUEL A ÉTÉ VOTRE PARCOURS D'AUTEURE ? 

J’ai commencé à écrire il y a presque 14 ans. Mon fils était tout bébé et il a réclamé son biberon la nuit, me réveillant et stoppant un rêve. J’ai été frustrée de ne pas avoir « la suite » et une amie m’a dit en blaguant « tu n’as qu’à l’écrire » … Je l’ai fait et tout est parti de là. Par la suite je prenais tellement de plaisir à écrire que j’ai continué en utilisant les fanfictions. Pour expliquer rapidement le principe, on écrit en empruntant des personnages déjà existants qui vont vivre de nouvelles aventures. Par exemple, Harry Potter n’irait pas à Gryfondor, mais à Serpentard. Ou Bella de Twilight serait vampire et Edward humain. Le monde de la fanfiction a d’ailleurs permis à plusieurs auteurs d’émerger. La saga 50 nuances de Grey par exemple était à l’origine une fanfiction Twilight. J’ai donc écrit plusieurs textes en empruntant les personnages des autres le temps de me « former » ... J’ai par la suite délaissé les fanfictions pour créer mes propres personnages et univers. Mon premier roman a été le tome 1 de ma saga Les temps d’une vie pour lequel j’ai remporté un prix en 2017. Depuis j’ai écrit une quinzaine de textes.

POURQUOI AVOIR CHOISI D'ÉCRIRE UN LIVRE SUR LA THÉMATIQUE DU HARCÈLEMENT ? 

J’ai écrit sur ce thème, car ma fille qui était alors en CM2 (elle va entrer en terminal en septembre) s’est fait harceler durant toute son année scolaire. La maman que j’étais s’est trouvée démunie et ne savait pas quoi faire, car l’équipe enseignante ne m'a pas aidée. Le CM2 s’est terminé, elle est rentrée en 6e et alors que j’espérais que ça irait mieux, ça a été pire. Au collège elle s’est non seulement retrouvée avec les CM2 qui la harcelaient, mais ensuite le problème s’est répandu dans les classes supérieures. Par chance, la principale du collège a pris ça très au sérieux et le problème a été vite réglé. C’était il y a quelques années et le sujet était encore un peu tabou, on n'en parlait pas. J’ai eu besoin d’écrire sur le sujet pour faire sortir la douleur qui était en moi. Jamais je n’avais pensé en faire un album et puis mon éditrice m’a demandé de lire le texte et l’a édité. Ce n’est pas un album qui a pour but de trouver une solution au problème du harcèlement car chaque cas est différent. La première mission de On m’a dit est de présenter aux enfants ce qu'est le harcèlement en abordant plusieurs situations qu’ils rencontrent dans la cour de l’école. Souvent ils n’ont même pas conscience qu’ils sont harcelés ou que ce qu’ils font/ disent est du harcèlement… J’ai plusieurs familles qui ont acheté l’album pour aborder le sujet avec leurs enfants, il a vraiment pour but d’ouvrir la discussion.

AURIEZ-VOUS DES CONSEILS À DONNER AUX ENFANTS ET ADOLESCENTS VICTIMES DE HARCÈLEMENT À L'ÉCOLE OU SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX ? 

Mon conseil va être le même que ceux qu’ils connaissent déjà : en parler. Il ne faut pas rester dans sa bulle et faire le dos rond en se disant que ça va passer, car ça ne sera pas le cas la plupart du temps. En parler, crever cette bulle qui enferme les enfants et les fait s’isoler, est le plus important. Le seul moyen d’y remédier c’est de briser le silence. Quand je suis venue en avril dernier à la Maison de l'Environnement de l'aéroport de Paris-Orly présenter mon album aux enfants, j’ai une jeune fille qui a demandé à me parler après la séance. Elle voulait me dire merci parce que grâce au concours et aux livres sélectionnés qu’elle avait pu lire avec l’école, elle s’était rendu compte que ce qu’elle vivait tous les jours à l’école c’était du harcèlement. En abordant le sujet dans la classe, elle a réussi à trouver le courage d’en parler à ses parents. Rien que pour cette rencontre avec elle, je suis heureuse d’avoir été sélectionnée pour ce prix. Si tu me lis, j’espère que tu vas mieux aujourd’hui.

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